Ermite [Siana- Niara]

La jeune jument dormait encore d'un sommeil paisible et sans rêves. Elle ne rêvait pas souvent à vrai dire. Lorsqu'elle était petite, elle avait aspiré à un monde meilleur et ses rêves étaient souvent jolis. Après, elle s'était abandonnée et avait renoncé à tout espoir, et son sommeil était à présent presque toujours vide. Depuis qu'elle était arrivée dans les environs, cependant, sa situation s'était grandement améliorée. Ici, tout était différent, et les deux étalons qu'elle y avait rencontrés étaient plus gentils qu'elle n'avait jamais osé rêver dans ses songes d'enfant. Elle se sentait perdue et minuscule, mais ça ce n'était pas nouveau. Elle se sentait perdue et minuscule d'une manière différente, cependant. Avant, c'était parce que tout le monde l'a traitait comme une ordure et ne daignait lever un sabot pour elle. Maintenant, c'était parce qu'elle découvrait le monde comme elle ne l'avait jamais vu.
Sa situation s'était grandement améliorée, tellement que c'en était incroyable. Niara passait son temps à se demander pourquoi Kaïran et Chezir semblaient tant l'aimer, elle qui avait toujours semblé détestable. Des fois, elle avait peur. Et s'ils jouaient la comédie ? Et s'ils faisaient semblant de l'aimer pour la blesser plus tard, briser les premières espérances qu'elle connaissait depuis sa toute petite enfance ?
Au début Kaïran lui avait énormément manqué. Mais la compagnie et l'attention de Chezir lui avaient permis de partiellement oublier son absence. Elle adorait Chezir, même si elle ne le montrait que très peu - l'attachement à quelqu'un c'était nouveau aussi, puisque tout le monde l'avait avant rejetée sans qu'elle puisse aimer quiconque, aussi ne savait-elle pas du tout s'exprimer. Que ferait-elle sans lui ?
Oui, parfois, elle avait peur. Comment pouvait-il se donner du mal pour elle ? Est-ce qu'il était réellement attachée à elle ?

Elle se réveilla doucement, et ouvrit ses grands yeux bruns. L'étalon n'était pas là. Elle se releva d'un bond, scruta les alentours. Les arbres étaient partout, et très feuillus. Elle ne le voyait nulle part.

« Chezir ? » appela t-elle, un peu tremblante.

Peut-être était-il tout près. Une peur lointaine, une peur d'enfant légèrement modifiée qu'était celle-ci. La peur d'être abandonnée. La peur de perdre.

La jeune jument Arabe s'efforça d'oublier son instant de panique et se détendit un peu lorsque son protecteur apparut d'entre les arbres et s'adressa à elle d'une voix douce. Elle baissa le regard.

« Non... je... je me demandais juste où tu étais... »

Elle bafouillait un peu, comme d'habitude lorsque l'on lui parlait ainsi, ce qui était nouveau pour elle. Elle était aux côtés de Chezir depuis un certain temps déjà mais elle mettait énormément de temps à s'habituer à cette nouvelle vie, tant elle était insolite pour elle.

Niara dévisagea longuement l'étalon noir, muette et immobile. La confiance... elle n'avait jamais connu cela. Personne ne lui avait jamais fait confiance, tout comme elle n'avait jamais fait confiance à personne. Il y avait tant de choses que la jeune jument ne connaissait pas encore, elle était encore fermée au monde.
La confiance... faire confiance, qu'était-ce ? De manière simple, elle arrivait plus ou moins à le saisir. Mais elle faisait déjà confiance à Chezir. C'est d'ailleurs ce qui la tracassait. Elle lui faisait confiance, et refusait d'envisager la douleur et la trahison qu'elle ressentirait si Chezir l'abandonnait.
Mais pourtant, elle avait envie de croire ses paroles.

« J-je peux...? » lâcha t-elle pour toute réponse, d'une voix extrêmement timide et incertaine.

Puis, elle s'approcha de Chezir et se blottit contre lui, la tête contre son encolure.

Niara se sentait terriblement bien. C'était tellement agréable, tellement réconfortant de ne pas être ainsi rejetée. Mieux : d'être aimée. Encore une fois, elle ne put s'empêcher de penser à Kaïran. Il avait été le premier de toute son existence à la serrer contre lui. Néanmoins elle était si bien, blottie ainsi contre Chezir, qu'elle n'eut pas de manque terrible en y pensant.

« Je te fais déjà confiance... m-mais... »

Elle hésita, balbutiant. Bien évidemment, Niara n'ayant jamais pu se confier à qui que ce soit dans le passé, elle n'avait pas appris à trouver ses mots. Cependant, elle était prête à dire ce qu'elle ressentait pour une fois, et était prête à endurer l'éventuel rejet mais si elle était presque certaine qu'il n'arriverait pas cette fois-ci.

« J-je sais que c'est stupide parce que... parce que tu me dis tout le temps que... que tu ne partiras pas mais je... j-j'ai peur quand même que tu... tu t-t'en ailles...»

|| J'ai eu un fou rire en voyant mon avatar complètement débile à côté du texte si profond x'D||

La petite jument, elle cependant, ne chercha pas à retenir ses larmes. De petites gouttes d'eau salée et brillant ruisselèrent sur ses joues avant de s'écraser dans l'herbe douce et courte.
Niara ne pleurait pas de tristesse, néanmoins. Elle pleurait parce qu'elle était émue au plus profond d'elle. Elle croyait Chezir, mais ne comprenait pas comment il pouvait être capable de donner sa vie pour... pour elle. Cela la touchait, l'ébranlait jusqu'au plus profond d'elle-même.
Quelques larmes coulaient mais elle ne sanglotait pas. Elle savait parfaitement être silencieuse.

« M-mais... pourquoi ? souffla t-elle d'une voix rendue faible et aiguë par l'émotion. Je suis tellement misérable... »

La petite jument Arabe s'efforça de sécher ses larmes. Puis elle regarda Chezir de ses grands yeux bruns et tristes.

« C-c'est vrai...? »

Avant lui et Kaïran, personne ne l'avait jamais aimée.

Niara posa la tête sur l'encolure chaude de Chezir, s'y sentant bien et réconfortée. Ce qu'elle vivait en ce moment dépassait ses espérances les plus inouïes.

« T-tu sais... je suis heureuse que tu sois avec moi... j-je... je ne sais pas ce que je ferais sans toi... »

Elle sourit - ce qui était plutôt rare encore - puis redressa la tête, toisant les environs.

« Peut-être, je... je ne sais pas vraiment... »

[Réponse lamentable, je suis navrée xD]

Niara se leva à son tour, se secoua pour déloger les restes de végétaux coincés dans sa fine crinière puis répondit d'une voix plutôt basse :

« Oui... un peu... »

Elle regarda Chezir, et à nouveau, lui sourit, d'un sourire chaleureux.

Niara hocha vaguement la tête puis, sans piper mot, commença à brouter l'herbe verte et tendre. Elle pensait et, de temps en temps, elle jetait un coup d'oeil à Chezir. Elle se demandait comment elle était censée se comporter par rapport à lui. Parfois, elle avait l'impression qu'il était triste avec elle.
Elle redressa alors la tête.

« Est-ce que... est-ce qu'il y'a quelque chose qui... ne va pas, chez moi ? »

Niara s'était crispée en entendant le ton dur et réprobateur de Chezir, même si ce qu'il avait dit était tout ce qu'il y avait de plus gentil. On lui avait toujours parlé d'une manière bien plus agressive que celle-ci, mais venant de Chezir, ce ton était plus claquant qu'on fouet. Néanmoins, elle se détendit car il s'excusa et il semblait sincère, de plus, il n'y avait aucune méchanceté dans ses propos, loin de là.
Elle reprit, bafouillant un peu :

« Je... je ne sais pas mais des fois, quand tu es avec moi j'ai l'impression que... que tu es vraiment... triste... »

Niara hocha vaguement la tête. Au moins ce n'était pas de sa faute. Elle avait souvent l'impression que tout était de sa faute, mais ça, c'était juste parce que quand elle était petite, on s'était toujours arrangé pour lui donner les torts d'autrui.
Elle risqua une question.

« Ha... et... et qu'est-il arrivé à ta famille ? Enfin tu n'es pas obligé de me répondre... si... si tu n'as pas envie... »

. Il soupira et baissa la tête, il savait bien qu'un jour ou l'autre il serait obligé de faire remonter les fantômes du passé, autant que ce sois maintenant. Il s'se coucha en vache, face à Niara, et commença son récit.
"Je vais te raconter mon histoire, ce sera plus simple pour moi.
Mon histoire commence dans une harde pacifiste qui ne restait jamais plus d'une semaine en un lieu. Dès mon plus jeune âge j'appris donc à suivre le rythme des grands. Je m'imaginais souvent que notre harde, avait dans le passé, fait des choses atroces. Je jouais des heures entières à sauver mes parents des monstres qui nous poursuivaient pour se venger, quelle ironie !
Nous vivions paisiblement avec une dizaine d'autres familles, je ne pensais qu'à m'amuser.
Un soir, nous nous étions arrêté non loin d'un territoire encore inconnus des anciens du groupe.
Une fois tout le monde installé pour passer la nuit, je partis à la découverte des alentours. Après avoir trouvé plusieurs terriers de lapin et autres petits rongeurs je tomba sur une magnifique petite rivière qui serpentait en petits filets sur un amas de pierres pour se rejoindre en un ruisseau que l'on pouvait traverser en sautant par dessus. Le lit du cours d'eau était recouvert de mousse et des dizaines d'espèces différentes de poissons dont je ne connaissais pas les noms y serpentaient. Tout autour, des arbres centenaires étaient presque entièrement recouvert de lichen et de mousse."
Il sourit au souvenir de ce lieu, les yeux dans le vague.
"Je m'amusais comme un fou à sauter par dessus le cours d'eau et à courser les animaux qui venaient se désaltérer.
Cela faisait un quart d'heure que je jouais quand deux poulains arrivèrent. C'était les jumeaux du chef, le mâle se nommait Koli si je me rappelle bien et sa sœur Maria, une magnifique pouliche blanche qui me plaisait beaucoup mais que je n'avais jamais osé aborder. Nous avons discuté un long moment, puis Koli partit en nous laissant exprès ensemble. Après un long moment de gêne la glace fondit et j'osa enfin lui parler de mon attirance, elle ne le prit pas mal et au contraire elle m'avoua qu'elle aussi avait un petit faible pour moi.
Nous passâmes presque toute ma nuit à nous embrasser. Mais à minuit, tel cendrillon, elle s'en alla pour que ses parents ne s'inquiètent pas. Je m'endormis au bord de la rivière, le bruit continu de l'eau qui s'écoulait m'assoupis très vite. Je rêvais de Maria quand je fus réveille par des bruits de course désordonnée. Je sortis de l'endroit magique en trombe et vis la harde partir au galop comme s'ils étaient poursuivit par des démons."
Il resta là, un long moment, le visage froid et impassible. Se rappeler de tout cela lui demandait un effort si important. Quand il recommença à parler, des tremblements dans sa voix se firent entendre.
" Je tenta désespérément de les appeler. Je voulu les rattraper mais mes frêles jambes de poulain ne me le permettait pas
Je passa de la stupeur au désespoir de la tristesse à la rage bouillonnante. Fou de colère, je partis au galop dans la direction opposée à celle prise par le groupe désordonné qui constituait ma famille.
Je vécu un  seul. Les débuts furent difficiles. Je n'avais jamais appris à me débrouiller seul et pendant plusieurs mois j'eu beaucoup de mal à m'orienter, trouver un coin pour dormir ou un point d'eau. Ne me fiant qu'à mon instinct de survie, je réussi tout de même à rester vivant et à peux près en bonne santé.
Au bout d'un moment j'avais pris des habitudes et je menais une vie de solitude et de nomade. Tous les matins je me levais très tôt pour marcher le plus longtemps possible avant d'être obligé de chercher un lieu pour passer la nuit. Certains jours me paraissaient filer aussi vite qu'un lapin tandis que d'autres me rappelaient que trop bien mon ancienne vie, celle qui me comblait chaque jours et qui brutalement m'avait été enlevée. Un après-midi d'hiver, alors que je suivais inlassablement mon chemin dans une plaine entièrement gelée, je fus attaqué par une meute de loups, aussi affamés que moi. Un premier sortit d'un buisson d'épines et me tourna autour. Petit à petit d'autres arrivèrent et formèrent un cercle qui se resserrait dangereusement sur moi.
Je commença à paniquer et envoya mes postérieurs dans la tête du prédateur le plus proche. Je réussi à l'atteindre, il poussa un cri de rage et recula en gémissant, la mâchoire en sang. Le reste du groupe, d'abord apeurés par la puissance de mon coup n'osa pas tenter une attaque. Puis un inconscient me fonça dessus et essaya de me mordre, j'étais trop occupé à savourer le résultat de mon attaque et je ne le vis pas arriver. Il réussi à m'atteindre au postérieur droit qui se mit à saigner abondamment.
Ce qui étaient restés en retrais, voyant la voie libre me sautèrent tous dessus en même temps. Je me débattis. Mordant tout ce qui passait à ma portée, envoyant mes sabots dans tous les sens. Mais malgré mes efforts, je fus vite submergé. Mes ripostes se furent de plus en plus faibles et je perdis très vite le dessus. Alors que je pensais y passer et que je me préparais à mourir, un cheval vint à mon secours au grand galop.
À nous deux nous réussîmes à repousser les loups, la meute battit en retraite très rapidement en couinant.
Mes blessures n'étaient que partiels et je m'en remis vite, sauf une longue entaille qui partait de mon garrot pour finir à mon épaule gauche, j'en garde toujours la cicatrice.
Peu après avoir pansé et soigné nos blessures respectives le cheval don je ne connaissais pas le nom m'expliqua qu'il faisait partit d'une harde nommée Moras, il me fit comprendre que j’étais sur leur territoire et qu'il m'avait sauvé la vie dans le simple but de "m'enrôler" dans la harde Moras. Il m'expliqua aussi le fonctionnement des hardes sur ce territoire et leur aversion pour l’autre groupe. Je ne résista pas pour faire partis des Moras et je supplia presque Black Thief de m'accepter.
Je pensais qu'en faisant partis de cette harde sanguinaire je pourrais me venger de ma famille. Mais ce moment n'est jamais arrivé et j'ai laissé tomber l'idée de vengeance. Voilas, maintenant tu connais mon histoire."
Il étouffa quelques sanglots à cette dernière phrase

[Alors, tu me nomme fille suprême ? Sur hf et schleich and co]